L'évolution économique au XIXe siècle
Tout comme les autres villages du Vimeu, Saint-Blimont a connu une transformation de son activité économique tout au long du XIXe siècle, passant d'un artisanat textile (sûrement ancestral) à une industrie serrurière florissante.
Cette étude est basée sur les différents recensements de population : 1836 – 1851 – 1872 – 1881. Pour les chiffres du début du siècle, un « recensement » a été réalisé par le biais des actes de baptêmes/naissances, mariages et sépultures/décès établis entre 1782 et 1800. Cela permet d'avoir une idée approximative de la population Saint-Blimontoise telle quelle était en 1800 (nous avons répertorié 1093 habitants sur 1208 recensés).
Contexte régional
Depuis de nombreux siècles, la Picardie est connue pour être un bassin de la production textile. Amiens s'est développé et enrichi tout au long du Moyen Âge grâce à l'exploitation de la waide, plante utilisée pour sa teinture bleue (qui donnera le « bleu d'Amiens »).
Au XVIIe siècle, Colbert contrôleur général des finances de Louis XIV, implante deux manufactures textiles sur Abbeville, attiré par la réputation de la région :
- 1665 : la Manufacture royale de draps fins dite des « rames », dirigée par le Hollandais Josse Van Robais, spécialisée dans la confection de draps de luxe.
- 1667 : la Manufacture royale des moquettes, dirigée par le Flamand Philippe Leclerc, spécialisée dans la confection de tapis.
A la veille de la Révolution française, la Manufacture des rames employait jusqu'à 1800 ouvriers dans ses ateliers et plus de 10 000 travailleurs à domicile. Il est fort probable que les tisserands du Vimeu et de Saint-Blimont faisaient affaire avec cette entreprise.
Par la suite, d'autres manufactures s'installeront en Picardie notamment sur Amiens qui deviendra à partir du XVIIIe siècle la capitale du velours.
C'est aussi à cette période que le Vimeu voit l'apparition d'une nouvelle activité qui fera sa réputation : la serrurerie. Cependant, elle restera au stade artisanal jusqu'à la moitié du XIXe siècle.
En 1786, la France signe un traité de libre-échange avec l'Angleterre qui engendra la première crise de l'industrie textile en France et en Picardie du fait d'une forte concurrence britannique. Cette crise économique et sociale sera l'une des causes de la Révolution française.
La situation ne s'améliore pas avec les guerres de Coalition, qui isolent la France révolutionnaire du reste de l'Europe.
La production chute dans les manufactures et par conséquent dans les ateliers ruraux. C'est à ce moment que le Vimeu se spécialise dans l'industrie métallurgique, avec l'apparition des premières manufactures chargées de la production de cylindres cannelés (une pièce de la mule-jenny). Cette nouvelle activité se situe surtout sur Friville-Escarbotin et Woincourt, des villages qui accueillent déjà un grand nombre de serruriers.
A Saint-Blimont, comme nous allons le voir, l'activité textile tient encore un grande part dans l'économie du village, mais va peu à peu s’éroder au profit de la serrurerie.
1800-1870 : Le déclin de l'activité textile
Au XVIIe siècle, en majorité les tisserands ruraux étaient des artisans indépendants, achetant leur matière première, la faisant filer dans la famille, l’œuvrant eux-mêmes sur des métiers leur appartenant et la revendant enfin dans les marchés. A partir du XVIIIe siècle, au contraire, la majorité des tisserands ruraux se composait encore d’artisans ayant leurs métiers mais ne travaillant plus qu’à façon pour les gros fabricants du pays...
Le tisserand ou « lancheux » travaillait avec le concours de sa femme et de ses enfants. Il était propriétaire de son métier qui se transmettait d’une génération à l’autre (certains métiers à tisser ont été utilisés pendant plus de 200 ans). Sa maison était reconnaissable à l’imposte vitrée qui s’étendait sur un châssis à coulisse sur toute la longueur de la pièce où il travaillait et qui favorisait l’aération et l’éclairage.
L’éducation du tisserand se faisait au sein de la famille. L’enfant aidait d’abord le père à passer la chaîne dans les lames et les peignes. Puis, il se hasardait à lancer la navette avant de devenir lui-même lancheux.
Sur Saint-Blimont, il y avait à peu près 170 tisserands au début du siècle, soit la principale profession masculine du village et de loin.
Au recensement de 1836, l'essoufflement du métier se fait déjà ressentir avec 48 tisserands.
Le chiffre tombe de 23 en 1851 à seulement 2 tisserands en 1872 (Blimont GODET - 74 ans et François BERGER - 60 ans).
En 1881, plus aucun tisserand n'est recensé.
LES FILEUSES
C’était un métier d’appoint que les femmes exerçaient souvent depuis l’enfance, et qu’elles avaient généralement appris de leur mère.
Après avoir désuintée (trempée) la laine, raccordé ses brains et l'avoir carder (brosser) à la main, la fileuse devait trier la laine en éliminant toutes les impuretés qui s’y trouvaient, après quoi elle étirait chaque petit tampon de laine en formant de longs rubans larges d’un centimètre environ, qu’elle enroulait sur eux-mêmes à la façon d’une corde. La laine était alors prête à être filée.
C’est alors que la fileuse va utiliser son fuseau, un bâton de bois léger, renflé en son milieu, qui se termine en pointe à chaque extrémité. Ce fuseau sera souvent le cadeau fabriqué par le « promis » ou un membre de sa famille qui l’aura taillé au cours des veillées. Elle va alors avoir besoin de ses deux mains : après avoir noué le ruban de laine au milieu du fuseau, elle va le tordre entre ses doigts, la main gauche tenant la laine, la droite lançant le fuseau, serré à son extrémité entre le pouce et l’index, lui imprimant un mouvement de rotation comme sur une toupie, généralement dans le sens de gauche à droite.
Quand la fileuse a obtenu un bon mètre de laine, elle l’enroule autour de la partie centrale du fuseau en la maintenant bien tendue. Et lorsque son fuseau sera plein, elle mettra cette laine en pelote et recommencera à filer. Une bonne fileuse pouvait traiter entre 200 et 250 grammes de laine chaque jour.
Ensuite, le rouet remplaça le fuseau ou la quenouille. Le rouet était généralement très simple, et transmis de mère en fille. Le principe du rouet est aisé à comprendre : le fuseau est entraîné par une roue qui le fait tourner régulièrement sur lui-même. Le travail est alors simplifié, car il consiste simplement à accrocher la laine au fuseau et la laine va s’étirer à mesure qu’on actionnera la roue avec le pied. Le filage au rouet devenait d’une exécution plus aisée, et donnait un résultat plus régulier que le filage au fuseau. (Description donnée sur le site www.denise3353.free.fr)
La plupart des fileuses faisaient ce travail à la maison, dans les intervalles de temps libérés après avoir accompli les travaux de la maison. Surtout pendant l’hiver, la femme et les enfants cardent, filent et préparent la laine. On travaillait en famille afin de fournir le père qui tissait.
Sur Saint-Blimont, nous pouvons voir qu'au début du XIXe siècle, la quasi-totalité des femmes et jeunes filles du village étaient qualifiées de fileuses. En 1800, nous avons compté 357 fileuses et il y en avait 470 lors du recensement de 1836. Avec ce dernier, nous pouvons constater que toutes les filles de plus de 11 ans travaillaient déjà avec leurs parents, ce qui explique ce chiffre très élevé. Mais nous trouvons des fileuses encore plus jeunes dans ce recensement : 20 d'entre-elles ont entre 6 et 10 ans et nous voyons même une enfant de 3 ans qualifiée de fileuse.
En 1851, il y avait encore 222 fileuses, alors que le nombre de tisserands a complètement chuté. Nous le verrons plus bas, l'activité textile est à cette époque en pleine crise et la plupart de ces fileuses se retrouvent sans travail et sans revenu.
On ne compte plus qu'une seule fileuse par la suite dans le village : Françoise BERGER en 1872 et Florentine CLÉRÉ en 1881.
AUTRES METIERS DU TEXTILE
D'autres professions liées à l'activité textile étaient représentées tout le long du siècle à Saint-Blimont :
- Le tailleur d'habits est un artisan qui coupe et confectionne des vêtements généralement masculins. On remarque que le nombre de tailleurs évolue comme l'activité textile du village : 1800 - 9 tailleurs ; 1836 - 7 tailleurs ; 1851 - 4 tailleurs ; 1872 et 1881 - 1 tailleur.
- La couturière est une artisan qui coupe et confectionne des vêtements généralement féminins. Dans les villages, les couturières étaient aussi sollicitées pour raccommoder les vêtements, linges ou literie : 1800 - 2 couturières ; 1836 - 8 couturières ; 1851 - 15 couturières ; 1872 - 3 couturières ; 1881 - 16 couturières et 1 tricoteuse.
- Le roselier est un ouvrier qui fabrique des rots (peigne de bois ou de roseau) ou des peignes pour les métiers à tisser à l'usage des tisserands : 1800 - 1 roselier ; 1836 - 3 roseliers ; 1851 - 2 roseliers.
- L'écoucheur est un ouvrier teilleur qui, à l'aide d'un écouchoir, frappe les tiges de lin ou de chanvre pour séparer les fibres de l'écorce de la pulpe et ainsi permettre la confection de fils : 1800 - 1 écoucheur ; 1836 - 2 écoucheurs ; 1851 - 7 écoucheurs.
- Le marchand de fils est un commerçant qui comme son nom l'indique vend des fils. Mais contrairement aux fileuses, il a chez lui tout un stock divers et varié selon les matériaux, les couleurs, ... On retrouve un marchand de fils à Saint-Blimont en 1800 et 1836.
- Le marchand d'épingle est un commerçant qui vend des épingles et aiguilles destiné à la couture. Il fournissait probablement les tailleurs d'habits et couturières. Un marchand d'épingle était en activité en 1800 dans le village.
Comme nous venons de le voir, les métiers du textile qui se trouvaient en 1800 très dominant dans l'activité économique du village (544 personnes travaillaient dans ce domaine soit une majorité des actifs), ont quasiment tous disparu à la fin du siècle. Si l'activité n'a cessé de diminuer au fil des décennies, le tournant a eu lieu aux alentours des années 1840-1850.
Comme le décrit ci-après Rémi DIMPRE, un Saint-Blimontois qui a fait l'étude de son village en 1899, la moitié du siècle est marqué par la pauvreté et le chômage de ce grand nombre de femmes qui autrefois filaient. Même les serruriers, dont l'activité est en expansion gagnent peu leurs vies à cette époque :
En 1848, nous ne sommes ni très heureux, ni très religieux. « La violation du dimanche vient de ce que plus de 40 chefs de petits ateliers portent leur ouvrage le dimanche matin dans le canton d'Ault : Il n'y a pas un seul releveur de céruses (sic) à la messe, écrit le bon abbé Lesueur à Mgr l'évêque d'Amiens ; puisse Monseigneur faire sa haute influence que les négociants mettent leur jour de paiement dans la semaine ou bien le dimanche après midi, au lieu de la matinée. »
La pauvreté de la commune est une suite de l'inique coalition des marchands locaux. L'ouvrier, en effet, qui gagne 1 franc, en 1845, a été réduit peu à peu de moitié en 1847 et encore en 1848. De plus des affiches et devises : Liberté, Égalité et Fraternité, tournent un peu la tête de nos compatriotes et font imaginer à beaucoup que chacun n'est tenu qu'à ce qui lui plaît.
En 1851, il n'y a encore qu'une école. On s'en procure une autre qu'il en coûte un sou à la commune. Elle est même bientôt prête à recevoir une institutrice. Pour la pension, un ancêtre des châtelains d'Elincourt, M. des FONTAINES, le principal propriétaire de Saint-Blimont, offre 50 francs ; M. le Sous-Préfet demande le surplus, soit 150 francs, à la Préfecture.
En attendant une sœur, la nouvelle école est une salle d'asile tenue par l'un des écoliers de M. le curé, écolier que se destine à l'instruction primaire. « Depuis six semaines, écrit-on, il fonctionne sur des enfants de 6 à 7 ans qui ne savent point leurs lettres. Déjà, les tendres élèves lisent, apprennent et récitent par cœur d'après la manière d'apprendre les lettres par les mots et les mots par les lettre. Il y a un entrain et une succès qui enchantent enfants et parents. »
En 1852, nous ne sommes guère plus heureux qu'en 1848, si l'on en juge par cette lettre :
« Plus de la moitié des habitants n'a pas un pouce de terre. Le territoire lui-même est très restreint ; il n'a qu'une demi-lieue d'étendue. Les cultivateurs ne sont que des fermiers et des fermiers à redevance outrée. D'un terroir si petit, plus de la moitié appartient à 5 ou 6 propriétaires dont 3 seulement résident la commune. La décadence de l'industrie linière, qui soutenait tous les bras des travailleurs il y a 60 ans, fait que plus de 300 femmes sont à ne rien faire ou à ne gagner que 10 à 15 centimes par jour.
Depuis une douzaine d'années, les bras se sont portés sur le fer, et il y a ici près de 200 serruriers dont le plus actif depuis 3 ans, ne gagne pas plus d'un franc par jour, 60 à 73 centimes sont, pour la plupart, la récompense de 12 heures de travail. »
En 1871, après les batailles de Pont-Noyelles et de Dury, nous payons comme les autres un tribut à l'invasion. Il me souvient de ces Bavarois qui jouait de la musique derrière le château d'Offeu et qui m'octroyèrent un soufflet dont ma joue saigne encore. Mais passons vite, un beau jour, ils se sont envolés pour reprendre le chemin de leur Allemagne.
Un essor nouveau semble s'être emparé de Saint-Blimont depuis cette époque. L'agriculture, l'industrie y trouvent des bras et une terre féconde et ne cessent de produire des prodiges d'activité.
Rémi DIMPRE, Histoire de Saint-Blimont et des villages alentour, (2001), édition La Vague verte
Saint-Blimont dans la guerre de 1870
Nous profitons de cette mention par Rémi Dimpre sur l'occupation allemande de 1871 pour ouvrir une parenthèse sur les répercutions à Saint-Blimont de cette Guerre de 1870 ou guerre franco-allemande, qui a provoqué la chute de Napoléon III et du Second Empire. En effet après la défaite de Sedan, la IIIe République est proclamée le 4 septembre 1870 à Paris. Cependant les combats contre les prussiens et leurs alliés vont continuer et se rapprocher de notre région.
Le 7 septembre, les gardes nationaux du 1er bataillon de mobiles de la Somme (des troupes de réserves de l'arrondissement d'Abbeville, peu instruites aux techniques de la guerre) sont envoyés sur Paris afin de fournir la défense de la capitale menacée par un encerclement des armées allemandes. Plusieurs Saint-Blimontois ont participé au sein de cette unité à ce siège qui à duré du 19 septembre au 28 janvier 1871. Parmi eux, trois hommes ont laissé leurs vies, plus à cause de la mauvaise hygiène d'une ville assiégée que des combats :
- Louis, Toussaint BERGER, né le 11/02/1845 à St Blimont, mort le 20/10/1870 à St Mandé (94) : Garde mobile au 1er Bataillon de la Somme, 3e compagnie. Entré à l'Hôpital militaire de Vincennes le 3 octobre 1870, y est décédé le 20 à 7h par suite de Variole hémorragique.
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Eugène, Théodore BLOND, né le 29/11/1846 au Tréport, mort le 08/01/1871 à Paris, marié le 21/05/70 à St Blimont avec Marie, Adeline, Austreberthe JACQUET : Garde mobile au 1er Bataillon de la Somme, 7e compagnie. Entré à l'Hôpital militaire du Gros Caillou le 6 janvier 1871, y est décédé le 8 à 5h par suite de Variole hémorragique.
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Blimont, Eugène PARMENTIER, né le 08/08/1848 à St Blimont, mort le 15/01/1871 à Paris : Garde mobile au 1er Bataillon de la Somme, 3e compagnie. Entré à l'Hôpital militaire du Gros Caillou le 18 novembre 1870, y est décédé le 15 janvier 1871 par suite de Phtisie pulmonaire (tuberculose).
Deux autres Saint-Blimontois ayant pris part aux combats sont morts durant cette guerre :
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Adolphe, Firmin, Blimont BOUTTÉ, né le15/09/1848 à St Blimont. Nous n'avons pas trouvé d'information sur lui.
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Jean-Baptise, François DEPOILLY, né le 21/04/1847 à St Blimont, mort le 05/01/1871 à Péronne : Garde mobile au 1er Bataillon de la Somme, 8e compagnie. Participe à la défense de Péronne, assiégée par les Prussiens du 27/12/1870 au 08/01/1871. Blessé lors d'un bombardement le 2 janvier, entré à l’Hospice de Péronne le même jour, y est décédé le 5 à 5h suite de ses blessures. Nous avons trouvé dans un livre dédié à la Guerre de 1870 en Picardie un extrait précisant les causes de sa mort :
« Un garde mobile d'Abbeville, nommé François Depoilly, de garde sous le passage voûté qui sert d'issue à la poterne 26, et domine cette partie fangeuse des fortifications, est blessé mortellement par un projectile, et succombe le 5. Trois de ses camarades, couchés sur la terre nue, sont moins grièvement atteints. »
Gustave RAMON, L'Invasion en Picardie - Arrondissement de Péronne, (1873)
Les noms de ces cinq Saint-Blimontois sont visibles sur le monument dit de « Crimée-1870 », restauré récemment et situé devant l'entrée de l'église (photo ci-contre). Avec eux se trouve Damascène MONCHAUX, mort le 16 octobre 1855 peu après la fin du siège de Sébastopol, principal épisode de la Guerre de Crimée.
Le 27 novembre 1870 eu lieu la Bataille de Villers-Bretonneux (mentionné par Rémi Dimpre comme celle de Dury) pour la défense d'Amiens. Les troupes françaises inférieures en nombre sont obligées de se replier vers le Nord et abandonnent la capitale picarde aux prussiens. A partir de ce moment, la population d'Abbeville (encore entourée de remparts) est en état de siège et attend d'un moment à l'autre l'arrivée de l'envahisseur. Cependant la situation restera inchangée, les allemands étant trop occupés à poursuivre l'Armée du Nord du Général Faideherbe, et ce jusqu'à l'Armistice du 28 janvier qui stipule que l'arrondissement d'Abbeville (pourtant dernière zone du département aux mains des français), doit être remis aux autorités allemandes. Abbeville est occupée à partir du 6 février, Saint-Blimont le 8 février et Saint-Valery le 9 février.
Nous pouvons lire un passage concernant notre village dans le compte-rendu sur l'invasion allemande par le maire de Saint-Valery, qui avait pouvoir de réquisitionner les communes du canton pour l'entretien de ses troupes d'occupation :
Ainsi, le 4 mars, sur le rapport de M. Grognet me signalant le retard de la commune de Saint-Blimont, qui ne comptait que 40 chevaux d'occupation, à remplir ses engagements envers la Société, je dus requérir le Maire de cette commune de fournir 2 400 kg d'avoine. Cette réquisition me valut l'avertissement suivant :
Abbeville, le 6 mars 1871 - « Je préviens M. le Maire de Saint-Valery qu'il ne peut faire de réquisition dans les communes occupées par l'armée prussienne, et en particulier dans la commune de Saint-Blimont, occupée depuis 26 jours. [....] Le sous-préfet (allemand) de l'arrondissement d'Abbeville, von Mutius »
Puis, comme le dit Rémi DIMPRE, « un beau jour, ils se sont envolés pour reprendre le chemin de leur Allemagne ». Ce jour fut le 4 juin 1871, après une occupation de près de 4 mois.
1870-1900 : L'essor de la serrurerie
LES PREMIERS SERRURIERS
Comme l'indique Jean-Mary Thomas dans son livre Ouvert Fermé, le premier serrurier identifié dans le Vimeu est Jehan BOUTTÉ dans une acte de baptême daté de 1601 à Escarbotin. Mais ce serait à partir des années 1670 que cette activité prendra une importance sur notre territoire grâce au dynamisme économique apporté par l'implantation de Manufactures sur Abbeville (vu dans l'introduction). Cet essor de l'activité serrurière s'aperçoit dans la multiplication de signatures sous forme de clés dans les registres paroissiaux de différents villages du Vimeu.
A Saint-Blimont, nous avons trouvé sur un acte du 12 mars 1674 la signature-clé de Nicolas HÉNIN (image ci-contre) qui serait ainsi le plus ancien serrurier recensé dans notre village.
Par la suite, plusieurs « Maîtres serruriers » ont été identifiés comme Louis DEPOILLY (1650-1722), Jean BOUTTÉ (1699-1759) ou Pierre DUCORROY (1704-1772, originaire de Friville). Ils transmettrons le métier à leurs enfants puisque nous retrouvons au début des années 1800 ces noms parmi les serruriers en activité.
Très vite, à partir de 1720, ces serruriers de Saint-Blimont se spécialisent dans la fabrication du bec-de-cane, c'est à dire une poignée qui ne comporte ni clé, ni serrure, mais simplement un bouton que l’on peut tourner pour verrouiller de l'intérieur. A cette époque, chaque village développe sa spécialité : « Fressenneville le cadenas, Dargnies et Woincourt la clé, Feuquières la sûreté, Saint-Blimont le bec de cane, Valines et Embreville les coffres-forts et coffrets, Ault la porte cochère et le pêne dormant, Béthencourt le pupitre et la malle, ... »
Les serruriers étaient au départ de petits paysans qui travaillaient le soir ou pendant la saison hivernale dans leurs « boutiques », un petit atelier installé dans une pièce de la maison ou plus généralement dans une dépendance. Leur ouvrage consistait à la confection complète de la serrure, du façonnage à l'assemblage des pièces. Cela grâce à l'utilisation de plusieurs outils dont le principal était la lime pour la confection des pièces mais aussi l'arçon pour percer le métal, le tout sur l'établi où est fixé un étau.
Comme nous pouvons le voir dans un récit de 1875 publié dans Ouvert Fermé, les serruriers de Saint-Blimont travaillaient bien souvent en famille, comme le faisait autrefois les tisserands, afin de se partager les différentes tâches et ainsi produire en plus grande quantité :
« Je ne saurais quitter Saint-Blimont, le berceau du bec de cane, sans dire quelques mots sur la population ouvrière qui l'habite. Là, comme à Béthencourt, les hommes, les femmes, les garçons et les filles travaillent de serrurier (sic) mais avec cette différence : tandis que dans la patrie du cadenas chacun fait entièrement sa besogne, ici, à Saint-Blimont, les femmes et les filles sont les collaboratrices de leurs maris ou de leurs frères. Ces derniers préparent les becs de cane, jusqu'à ce qu'ils soient près à polir et, arrivés à ce point, ils passent dans les mains des femmes qui les polissent et les définissent. Telle est généralement la manière de travailler des ouvriers de ce pays ; il y règne une très grande activité et, par cet incessant labeur, l'ouvrier arrive à gagner une journée raisonnable. »
Les chiffres que nous allons donc voir sont sûrement en dessous de la réalité, les épouses et les enfants n'ayant pas de profession indiquée dans les recensements à partir de 1851.
En 1800, il y avait 22 serruriers dans le village. Parmi eux, on y trouve un « serrurier commissionnaire », celui-ci travaillait possiblement pour le compte d'un autre comme un sous-traitant. Cette situation était sûrement exceptionnelle au début du siècle pour qu'on la souligne. Cependant, à partir de 1850 avec l'expansion de l'activité et l'émergence de manufactures, ce statut deviendra majoritaire et ces artisans indépendants seront peu à peu remplacés par des ouvriers-serruriers chargés de la fabrication d'une seule pièce au profit des usines voisines.
Alors qu'il n'y avait plus que 48 tisserands dans le village, on dénombre 95 serruriers en 1836.
Tout au long du Second Empire, le nombre de serruriers reste stable, passant de 160 en 1851 à 135 serruriers en 1872. Comme indiqué plus haut dans le texte de Rémi DIMPRE, à cette époque le serrurier « ne gagne pas plus d'un franc par jour », ce qui peut expliquer cette légère baisse.
Une nouvelle dynamique se fait sentir à partir des années 1870. Lors du recensement de 1881, nous comptons 202 serruriers sur la commune. Certains d'entre-eux, grâce à une technique perfectionnée et la fabrication de produits de grande qualité commencent à développer leur activité permettant la créations de petites usines. L'ère industrielle, qui a déjà œuvrait dans les communes voisines comme Friville-Escarbotin, Fressenneville, Feuquières ou Woincourt, arrive à Saint-Blimont.
LE TOURNANT DE L'ÈRE INDUSTRIELLE
Comme nous l'avons dit, certains serruriers usent d'ingénierie et inventent leur propre système de serrures, comme Blimont ROY (issu d'une famille de maçon) qui à 20 ans, obtient un brevet d'une durée de 5 ans pour l'invention d'un nouveau mécanisme de serrures le 6 février 1839.
Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, plusieurs établissements ont été fondés par de simple artisans au départ et vont marquer la vie économique du village durant plusieurs décennies :
- Etablissement BEAURAIN puis LEFORT
La premier établissement industriel identifié sur Saint-Blimont est la fabrique de serrures BEAURAIN créée au début des années 1870. Nous avons un peu plus d'explications sur cette activité grâce au Manuscrit de Florency DEVILLERS, extrait de Ouvert Fermé de Jean-Mary Thomas. Le manuscrit original (aujourd'hui disparu) datait du 12 février 1875 :
« De Cayeux je passe à Saint-Blimont, importante commune du canton de Saint-Valery-sur-Somme, et qui compte un petit fabricant ; il se nomme BEAURAIN Arsène et son établissement, qui date de quelques années seulement, prend quelque peu d'extension. Il fabrique la serrure de coffre-fort à gorges et à pompe, le coffret, le verrou de sûreté, ainsi que les serrures de sûreté à gorges et à pompe de toutes qualités. Ce petit industriel, naguère encore ouvrier serrurier très intelligent, livre à ses clients des produits fort bien confectionnés. »
D'après les recensement de 1872 et 1881, (Abélard) Arsène BEAURAIN demeurait rue de l'église et était qualifié de « fabricant de serrures ». En 1883, il agrandi sa boutique pour y construite un atelier pouvant accueillir plusieurs ouvriers.
Son usine a été reprise par Léon LEFORT vers 1893, qui y développa une Manufacture de coffrets spécialisée dans la production de« verrous, serrures de Picardie, ressorts en tout genres et articles pour coffres-forts ». Au début du XXe siècle, il fait partiellement démolir l'atelier existant pour construire une maison avec buanderie, écurie et remise et un bâtiment abritant magasin et bureau. Son activité est reprise par sa veuve puis son fils avant d'être cédée à Roger CHAPELET (qui fut maire de Saint-Blimont entre 1929 et 1934).
En 1938, les locaux de l'usine accueillent les Ateliers de Saint-Blimont, une fonderie de cuivre et de bronze spécialisée dans la grosse robinetterie de marine. Ces activités cesseront en 1973.
Le bâtiment est ensuite repris par Marcel HENOCQUE qui y installe un atelier d'outillage spécialisé dans la mécanique de précision, le découpage et l'emboutissage entre 1976 et 2000. Puis par Joël BLONDEL pour y développer un atelier de polissage. Cette activité cessera définitivement en 2018.
- Etablissement PÉNEL
Dans les années 1820-1830, Félix PÉNEL originaire de Friville-Escarbotin, s'installe sur Saint-Blmiont et y développe une activité de fabrique de cylindres pour les métiers à tisser. Il est qualifié de « Mécanicien » dans les recensements de 1836 et de 1851. Son fils Amédée reprend l'activité vers 1860.
Avec l'évolution économique et la chute de l'activité textile, Benjamin PÉNEL, fils d'Amédée, transforme l'activité en une fabrique de ressorts, tout en développant un commerce (épicerie, charcuterie, draperie, vente de cierges,...). Avec lui l'atelier familial va devenir un petit établissement industriel. Il fait construire à la fin des années 1890 une petite usine rue de l'Abreuvoir, face à l'église. La grande maison qui bordure la rue (que l'on peut voir à gauche sur la photo ci-contre) accueillait l'habitation mais aussi le commerce tenu par sa femme et les ateliers se trouvaient dans la cour arrière que l'on accédait par la porte cochère.
Avec la quatrième génération, l'activité se recentre sur la fabrication de ressorts et le commerce est ainsi abandonné par Charles PÉNEL dans les années 1900. L'atelier occupait 7 à 8 employés et l'acier qui servait à faire les ressorts venait des Vosges ou d'Angleterre, arrivant par le train à la gare de Woincourt. Dès 1923, de l'électricité était produite par une batterie d'accus.
En 1930, Léonce PÉNEL poursuivit l'activité de fabrique de ressorts jusqu'en 1968. De nombreuses machines ont été confiées au musée du Vimeu après la fermeture. Le fond de commerce a été repris par l'Établissement DUCANCEL puis par la société AMS, qui est aujourd'hui installée à Saucourt.
- Etablissement GAUDRY
La famille GAUDRY s'est convertie à la serrurerie au début des années 1800. François GAUDRY et ses frères sont qualifiés de serruriers de le recensement de 1851. Ses deux fils, François et Léopold, ont rejoins l'entreprise familiale située rue de l'église.
Mais c'est vers 1885 que les deux frères se sont spécialisés dans la fabrique de ressorts. Ils travaillaient de part et d'autre de la rue, étant installés face à face. L'activité cessera une première fois en 1914.
Après la guerre, deux sœurs, Virginie et Florentine GAUDRY poursuivirent une activité de serrurerie jusqu'en 1936.
C'est à cette date que Laurent GAUDRY reprit la fabrication de ressort, en sous-traitance de l'industrie de serrurerie, dans la boutique de son aïeul. L'activité fonctionna jusqu'en 1960. L'atelier et la forge (photo ci-contre) subsistèrent longtemps dans la cour avant que le petit-fils de Laurent se résigne à la démonter en 1987.
De nombreuses pièces ont été offertes au Musée du Vimeu.
- Usine DÉNY
Cette usine a été fondée par Charles DÉNY qui a imaginé dès 1884 un principe de serrure de sécurité fonctionnant sur passe-partout partiels ou généraux. Il a mis en place le principe de l'organigramme en étudiant le mode de calcul des combinaisons. En 1891, il rachète un petit atelier de serrurerie d'Escarbotin et s'installe à Saint-Blimont (à l'entrée du village sur la route entre Saint-Valery et Escarbotin) où il développe le principe de la clé Diamant sur combinaison.
Le premier grand succès a été l'équipement des portes des installations électriques de la première ligne du métro parisien. Ensuite, la société s'est rapidement implantée en France, avec une agence à Lyon et à Lille. Elle a depuis équipé de nombreuses administrations (SNCF, EDF, Prisons...), de nombreux monuments (Tour Eiffel, Sacré Cœur, Arènes de Nîmes...) et plus récemment les centrales nucléaires.
La société DÉNY est restée une entreprise familiale jusqu'en 1984. Après Charles, le fondateur, l'usine est successivement dirigée par son fils, Marcel DÉNY (de 1919 à 1946), puis par le petit-fils, Jacques DÉNY (de 1949 à 1971) qui fait développer les premières serrures électromagnétiques permettant de devenir un des principaux leaders dans ce secteur. Maurice IRETON, époux de Geneviève DÉNY, autre petite-fille de Charles, assura la Direction de l'établissement de 1971 à 1984.
La société ayant une antenne parisienne, le contremaître avait un rôle important dans l'usine. Il occupait le logement de fonctions situé dans l'usine. Joseph ROUSSEL était le premier contremaître, avant 1914. Puis, Charles PAGNEN fut contremaître de 1918 à 1968. Celui-ci était par ailleurs co-fondateur de La Saint-Blimontoise et en fut le Président, après Pierre de FAUTEREAU, de 1937 à 1940. Le dernier contremaître logé dans ce logement a été Victor DEMAY, de 1968 à 1983.
En 1984, la Société DÉNY a été achetée par le groupe SFPI. Puis, elle est entrée dans le groupe SECURIDEV à sa création en 1994. La société FONTAINE, un fabricant de serrures de luxe basé à Paris depuis 1740, entre dans le groupe à la fin des années 1990 et s'installe sur le site de Saint-Blimont ; l'entreprise se renomme DÉNY-FONTAINE.
Devenue DÉNY-SECURITY en 2015, elle emploie plus de 150 personnes et 20 % de son chiffre d'affaire est réalisé à l'export, grâce notamment aux produits de luxe, comme beaucoup d'entreprises du Vimeu.
De plus, la société DÉNY est le partenaire de notre amicale La Saint-Blimontoise depuis 1970, particulièrement pour la section de Handball masculin de l'AAE puis de l'AFSB et elle participe chaque année à notre souscription volontaire. En février 2021, dans le cadre du centenaire de notre amicale, DÉNY avait ouvert ses portes pour faire découvrir aux nombreux visiteurs les locaux de son usine.
Un village rural
Malgré la Révolution française et la fin des trois ordres (noblesse, clergé et tiers-état), le monde paysan de ce début de XIXe siècle a encore peu changé de celui de l'Ancien régime. Nous pouvons le diviser en trois catégories déterminées selon les niveaux de richesse : les propriétaires, les cultivateurs et les journaliers. Nous retrouvons sur Saint-Blimont l'ensemble de ces catégories :
LES PROPRIÉTAIRES
Issus de la petite noblesse de campagne, ce sont plus des gérants d'exploitations agricoles et/ou forestières qu'ils ont acquis et agrandis par mariages ou achats. Leurs terres sont soit exploitées par des employés, soit louées à d'autres cultivateurs. En 1800, plusieurs de ces familles vivent dans des manoirs (appelés "châteaux") sur Saint-Blimont et ces hameaux et auront un rôle important dans la vie municipale jusqu'à la fin des années 1920.
- Famille des FONTAINES puis d'ANCHALD à Élincourt
D'abord relais de chasse de la famille DARGNIES d'HESBONS, propriétaire des lieux à partir des années 1730, le château d'Élincourt est devenu la résidence de Marie-Anne DARGNIES d'HESBONS et de son mari François-Charles LEFEBVRE des FONTAINES, qu'elle a épousé en 1781. Leur premier fils, Charles-Clément était lieutenant du génie dans la Grande Armée et « fut tué du dernier coup de canon au siège de Colberg, en Poméranie (Pologne actuelle), le 2 juillet 1807 » (Rémi DIMPRE). Le domaine fut ainsi transmis au deuxième fils, Charles-Nicolas qui fut maire de Saint-Blimont de 1821 à 1831. Celui-ci se marie en 1826 avec Louise-Clémentine-Octavie DUPUY. C'est par le mariage de leur fille unique, que ce château devint durant plus d'un siècle la propriété de la famille SAULNIER d'ANCHALD.
En effet, le 14 novembre 1869, Marie-Anne LEFEBVRE des FONTAINES épouse Ludovic d'ANCHALD, originaire du Puy-de-Dôme, qui repris la charge de l'exploitation agricole et forestière du domaine. Il s'impliqua rapidement dans la vie locale en étant élu au conseil municipal dès 1874 puis devint maire de 1892 à 1912. Il se présenta comme candidat conservateur à plusieurs élections cantonales. Son fils Jacques, lui succéda au poste de maire qu'il occupa de 1912 à 1929.
Ils étaient aussi actifs au niveau associatif en tant que présidents de la Fanfare municipale sur trois générations de 1893 à 1934 et leurs épouses s'occupaient beaucoup de la paroisse.
Le domaine possédait deux fermes, l'une située juste à côté du château l'autre dans une rue en face de celui-ci. Elles étaient exploitées par des cultivateurs employés ou locataires des châtelains. La première fut en activité jusque 1968 et la deuxième jusqu'en 1983.
Les jardins du château étaient situés de l'autre côté de l'actuelle rue de l'Enclos. Ils étaient entretenus par un jardinier qui était logé dans une petite maison située dans l'enceinte du château.
Une chapelle, dont l'architecture mérite l'attention, a été construite en 1657 par les anciens propriétaires du domaine et fut consacrée à Sainte-Colombe d'abord, puis à Sainte-Geneviève. Cette dernière fut l'objet de nombreux pèlerinages, car elle avait pouvoir de guérir les fièvres. Plusieurs châtelains d'Élincourt ont été inhumés à l'intérieur de cette chapelle dont François-Charles LEFEBVRE des FONTAINES en 1819, sa femme Marie-Anne DARGNIES d'HESBON en 1829, leur fils Nicolas LEFEBVRE des FONTAINES en 1870 et son épouse Louise-Clémentine DUPUY en 1879.
- Famille GAFFÉ de SAINT-MARTIN à Offoël
Comme nous pouvons le voir dans notre article sur les seigneurs de Saint-Blimond, il existait sur Saint-Blimont un hameau nommé Offoël qui s'était développé autour d'une grande ferme seigneuriale qui se situait à l'emplacement de l'actuel camping municipal. Cette ferme en brique a été bâtit en 1652 par François de POLHOY, seigneur du lieu. Un siècle plus tard, son petit-fils qui était prêtre vend les terres et le manoir à Jean-Jacques DELEGORGUE, un bourgeois d'Abbeville. Puis par mariage, le domaine devint propriété de la famille GAFFÉ de SAINT-MARTIN.
Rémi DIMPRE nous donne quelques descriptions de ce « château » qui a aujourd'hui totalement disparu :
Le château avait une entrée qui donnait sur la place actuelle de Saint-Blimont [ appelée la Placette, aujourd'hui parking du stade municipal ]. On peut voir encore sur le haut de la porte la date de la fondation (1652). La ferme était entourée d'un assez vaste jardin, il me souvient encore en avoir vu les poiriers, autour duquel s'installèrent des ouvriers et des ménages formant peu à peu le hameau d'Offoël.
L'entrée principale se situait dans la rue des Vérolles où il fallait traverser une longue allée bordée d'arbre pour atteindre le domaine. Le seul vestige qu'il nous reste est la grille de l'entrée secondaire (dont nous parle Rémi DIMPRE) qui a été restaurée par le commune et utilisée pour l'entrée des ateliers municipaux.
Au début du XIXe siècle, le château d'Offoël était donc la demeure de Charles-François GAFFÉ de SAINT-MARTIN ancien conseiller du roi pour l'élection du Ponthieu et époux de Flavie-Angélique DELEGORGUE. Ils eurent deux fils, Jean-Jacques-Félix qui fit bâtir un manoir à Offeu (ce que nous verrons plus tard) et Albin-Bernard qui hérita du domaine d'Offoël.
Ce dernier né en 1778, était marin attaché au service de la République en 1800 puis « Capitaine d'un bâtiment de commerce au long cours » lors de son mariage en 1814. Au retour d'un de ses voyages en Angleterre, il apporta à Saint-Blimont le trèfle anglais et inaugura chez nous une culture assez répandue maintenant. Il fut maire de la commune de 1831 jusque 1842. Le château servit aussi d'école des filles avant l'acquisition d'un bâtiment spécifique par la commune :
Eugénie POIDEVIN, ma grand-mère, née en 1828, est allée à l'école dans ce château, les cours étant donnés par des soeurs. (d'après Joseph POIDEVIN d'Offeu)
Albin-Bernard GAFFÉ de SAINT-MARTIN vendit la propriété à Elphège de FAUTEREAU en 1850. Celui-ci y hébergea des membres de sa famille avant que l'état du bâtiment se dégrade jusqu'à son démantèlement vers 1870 :
Alfred POIDEVIN, mon grand-père, né en 1863, allait s'amuser avec les jeunes de son âge dans les ruines du château (d'après Pierre FORESTIER de la rue des écoles)
Eugène FOURNIER, cultivateur à Offeu, achète la propriété (désormais une grande pâture) à la famille de FAUTEREAU vers 1880. Sa veuve, Léontine née FRUITIER, qui vivait dans une maison construite dans le domaine le long de la rue des Vérolles, céda la propriété en 1941 à son neveu Jean FRUITIER. Puis ce dernier l'a vendu en 1950 à Marie FRIEDEN, veuve de Fernand YCRE, qui en lotie une partie sous le nom de lotissement YCRE.
Aux environs de 1950, les enfants de la rue des Vérolles coupaient à travers la grande pâture pour aller à l'école. je me souviens des pans de murs de clôture démolis çà-et-là, du puits, des pommiers dans la pâture. (d'après Madeleine DEPOILLY, de la rue des Vérolles)
Tous les pommiers de la pâture ont été abattus par Jean FRUITIER, dans les années 1950 et je lui ai acheté le bois car j'en avais besoin pour le four de ma charcuterie. Je m'en souviens fort bien car si on achetait l'arbre, il fallait enlever la souche à la pioche et à la pelle, un sacré travail ! (d'après Émile BLONDIN, ancien charcutier rue des Écoles)
- Famille de FAUTEREAU à Offeu
Comme nous l'avons vu précédemment, Jean-Jacques-Félix GAFFÉ de SAINT-MARTIN dit Monsieur d'Offoël fit bâtir un manoir dans l'actuelle rue du moulin d'Offeu, peut être au début du XIXe siècle. Il y vivait avant de le vendre à Thimoléon de FAUTEREAU entre 1830 et 1836 : « Après le mariage de sa fille, il alla habiter Montplaisir avec ses petits-enfants » (Rémi DIMPRE).
Cette famille de FAUTEREAU, originaire de Normandie, s'implante donc sur Saint-Blimont dans les années 1830 et chaque génération y joua un rôle important durant un siècle.
Thimoléon de FAUTEREAU dit le Comte, acquéreur du château d'Offeu (il y habitait lors du recensement de 1836), fut maire de Saint-Blimont de 1849 à 1853. Il a démissionné de ce poste par refus de serment à Napoléon III, qui renversa la République pour fonder le Second Empire en décembre 1852.
Son fils, Elphège de FAUTEREAU devint lui aussi maire du village de 1868 jusqu'à sa mort en 1879. Il habitait le château d'Offeu lors des recensement en 1866 et 1872 et à l'instar de son père, il acheta à Albin-Bernard GAFFÉ de SAINT-MARTIN le château et domaine d'Offoël en 1850 et y logea des membres de sa famille.
Troisième du nom, Camille de FAUTEREAU succède à l'âge de 25 ans à son père au poste de maire en 1879 jusqu'en 1892, date de sa démission ayant quitté la commune pour des raisons professionnelles. Il vend vers 1880 le domaine d'Offoël à Eugène FOURNIER, mais garde la propriété de la Placette.
Enfin, Pierre de FAUTEREAU revient s'installer à Offeu où il exploitera lui-même la ferme du château de 1912 à 1923. A cette date, la vaste propriété fut vendue et démantelée puis en 1942 le château dégradé et en mauvais état fut démoli. Pierre de FAUTEREAU n'occupera pas le poste de ses aïeux mais fut toutefois élu conseiller municipal de 1919 à 1925 et 1935 à 1939. Il était durant cette dernière période responsable du Front populaire au niveau cantonal. Il était surtout connu dans le village pour être le fondateur de notre amicale La Saint-Blimontoise.
En 1917, toujours propriétaire de la Placette, il était soucieux d'améliorer les tristes conditions liées au conflit de 1914/1918 et il avait constaté l'intérêt des jeunes pour la balle au tamis. Il offrit donc cette Placette de l'ancien château d'Offoël aux jeunes Saint-Blimontois, afin de leur permettre de s'adonner à leur sport favori.
Aussitôt après la guerre, il consacra son énergie à fédérer cette activité et ces jeunes en créant une association du type de la loi récente de 1901. Il était entouré et aidé de Émile HOMBERT, directeur de l'école en poste depuis 1913 et de quelques proches amis comme Charles PAGNEN. La Saint-Blimontoise est officiellement lancée le 1er novembre 1920. Décidés à créer des animations pour les jeunes et pour la commune, Pierre de FAUTEREAU et ses proches financèrent l'acquisition, le transport, puis l'installation d'un bâtiment en bois sur la partie droite de la Placette, afin de doter à l'association d'une véritable salle des fêtes. De moins en moins présent dans la commune, Pierre de FAUTEREAU laissa la présidence de l'association à Charles PAGNEN en 1937.
- Famille JULIAC de MANELLE à St Blimont
Nous ne savons pas comment ni où précisément cette famille s'est installée sur Saint-Blimont. Cependant, Louis-François JULIAC de MANELLE, officier supérieur des gardes du corps du roi dans le régiment du Luxembourg, est cité comme étant « membre de la paroisse de fait » lors de son mariage avec Louise-Félicité de MERCASTEL, le 17 février 1773 à Saint-Blimont. De cette union naquit Félicité en 1774 et Louis-François en 1775.
Lors de la Révolution française, les destins des membres de cette famille vont prendre des chemins différents. Alors que Louis-François (père) rejoint l'Armée des émigrés (des royalistes voulant restaurer la monarchie absolue), Louis-François (fils) s'engage dans l'armée de la jeune République. Il participe à toutes les campagnes contre la Ire Coalition comme officier d'artillerie, notamment la Campagne d'Italie de 1796 auprès du Général Bonaparte (lui aussi artilleur) avec qui il deviendra proche. Devenu Colonel, il est fait Chevalier de la Légion d'honneur le 16 octobre 1803 puis Officier de l'ordre le 14 juin 1804. Blessé à la main au cours de la Bataille de Caldiero, il meurt du tétanos le 7 novembre 1805 à Plaisance.
Grâce aux actions de son fils, Louis-François (père) a été amnistié en 1802 par Bonaparte, alors Premier consul. Il se réinstalla à St Blimont et fut nommé maire de la commune de 1808 à 1821.
Après le décès de Louis-François (père) en 1828, nous pouvons penser que la propriété de sa résidence a été transmise à sa fille Félicité JULIAC de MANELLE épouse de Médéric LE ROY d'HANTECOURT (originaire d'Ochancourt) qui habitaient Saint-Blimont lors du recensement de 1836. Félicité décéda en 1849. Selon le recensement de 1851, Médéric habitait une maison au début de la Rue de la Placette (l'actuelle rue des Écoles). Nous pouvons donc poser l'hypothèse que la demeure de la famille JULIAC de MANELLE était celle qui deviendra celle du docteur Charles DACQUET et qui se situait à l'emplacement de l'actuel n°2 rue des Écoles (cette maison dite « vieille » sur la carte ci-contre a été abattue en 1963).
Plusieurs membres de cette famille ont été inhumés à l'intérieur de l'église : Louis-François (père), sa mère, sa femme et la veuve de Louis-François (fils). Une pierre tombale est toujours visible dans le bas-côté dédié à Saint Blimond.
LES CULTIVATEURS
Appelés « laboureurs » avant la Révolution, ils sont généralement des paysans qui se sont enrichis et ont ainsi réussi à échapper partiellement au système de la féodalité. Ils sont propriétaires de la terre qu'il cultivent et d'au moins un attelage (cheval ou paire de bœufs) et charrue.
Certains d'entre-eux deviendront de petits notables de campagne, partageant avec les châtelains les fonctions municipales comme Charles QUEVAL, premier maire de Saint-Blimont de 1801 à 1808, les frères Aimable et Ferdinand FOURNIER (respectivement maires de 1842 à 1849 et 1853 à 1861) des négociants en bestiaux qui ont fait bâtir vers 1830 des maisons de maîtres à l'entrée d'Offeu (dont l'actuel Château des Lumières, autrefois appelé La Lumière) ou bien encore Adolphe ROCQUE, maire de 1861 à 1868.
Nous pouvons nous apercevoir que le nombre de cultivateurs a durant ce siècle assez peu évolué, conservant un niveau stable par rapport aux tisserands et aux serruriers :
- 53 cultivateurs en 1800, 57 en 1836, 69 en 1851, 48 en 1872 et 61 en 1881.
Il existe aussi une catégorie de petits cultivateurs appelés « Ménagers », qui possèdent une exploitation de quelques lopins de terres, permettant de nourrir leurs familles. On en trouve deux en 1800, six en 1851, quatre en 1872 et aucun en 1881.
La ferme picarde
Contrairement aux autres peintures éditées dans notre article, l'image ci-contre est une œuvre réalisée à Saint-Blimont par Rudolf Ribarz, un peintre autrichien de passage dans notre village dans les années 1870-1880. On peut reconnaître en arrière-plan le sommet de la Tour de l'église, avec l'aspect qu'elle avait avant sa restauration de 1899.
Ce tableau s'intitule Cour de ferme à Saint-Blimont et fut peint à l'emplacement de l'actuel n°2 rue de l'Abreuvoir. Comme son nom l'indique, il représente une ferme (du moins une partie) telle qu'on en trouvait à cette époque en Picardie.
La ferme picarde du XIXe siècle est généralement de forme carré avec des bâtiment en torchis et aux toits de chaume, enfermant une cour intérieure où se trouve le tas de fumier. L'un des côtés est reservé à l'habitation qui comprend au moins une pièce de vie avec la cheminée entourée de placards et deux chambres appelés cambinets. Les autres bâtiments accueillent la grange, l'écurie, un sellier, des étables à vaches ou à cochons, un poulailler et la charterie. La porte cochère (que nous voyons sur cette peinture) permet d'accéder à la route qu'elle borde et de clôturer l'ensemble lorsqu'elle est fermée.
Ce type d'architecture propre à notre région, a peu à peu disparu de nos villages. Il fut d'abord remplacé par des bâtiments en briques et tuiles ou ardoises puis au XXe siècle par des hangars en parpaings et tôles. On trouve encore par ci par là quelques vestiges de ces granges en torchis plus ou moins restaurées, témoins d'un passé rural et paysan.
LA RÂPERIE : UNE INDUSTRIALISATION DE L'AGRICULTURE
Suite à la guerre maritime avec l'Angleterre durant l'époque révolutionnaire puis napoléonienne, le sucre principalement produit dans les colonies des Antilles, devient de plus en plus rare dans le pays. Napoléon décide de se tourner vers un sucre de substitution pouvant être produit localement : le sucre de betterave. C'est ainsi que la betterave a été implantée à Saint-Blimont dès 1812, comme dans tous les autres villages du nord de la France, sur ordre des préfets.
Malgré la chute de l'Empire et l'arrêt du blocus continental, le développement de la production betteravière continu dans notre région. En 1828, la France compte déjà 585 sucreries de betterave (sur Rue et Saint-Valery par chez nous). Le Vimeu, conciliant humidité et ensoleillement, formé de terrains argilo-sablonneux recouvrant la craie, s'est trouvé particulièrement propice à une bonne production de betteraves d'excellente qualité.
La famille BEGHIN, par le biais de la Compagnie Sucrière de la Somme, installe et met en service une Sucrerie à Beauchamps, en 1864. Cette Sucrerie va compléter son installation en mettant en place à Saint-Blimont et à Lanchères, deux Râperies, lui permettant ainsi un fort débit de production. Ces Râperies n'avaient pour but que de produire du jus de betteraves pour l'envoyer ensuite à Beauchamps où le sucre était élaboré. Elles étaient reliées par une espèce de petit pipe-line, qui emmenait le jus de Lanchères à Saint-Blimont, puis à Beauchamps.
C'est ainsi qu'en 1870, le directeur de la Sucrerie de Beauchamps, commande à messieurs Joseph et Aimable POIDEVIN, briquetiers à Offeu, 120 000 briques à livrer de mai à fin juin pour la construction de notre Râperie qui pourra, ainsi, démarrer sa première campagne en octobre 1870.
Cette Râperie a dû susciter l'intérêt et sans doute la curiosité des cultivateurs Saint-Blimontois d'alors, qui ont vu là un débouché proche de leur culture et un emploi saisonnier, voire même définitif pour quelques-uns. En effet, elle était gérée par un directeur appelé Chef de Râperie et tout l'aspect technique était pris en main par le Mécanicien, tous deux logés sur place. Une petite quarantaine d'employés, pour la plupart occasionnels, était nécessaire à la réception des betteraves, du 15 octobre au 15 décembre environ : un basculeur, un chef de cour, 18 à 20 déchargeurs, 2 à 3 porteurs de manne, 4 à 5 gratteuses, une décolleteuses, un tareur et son aide, un densimétreur et son adjoint, un secrétaire et un cantonnier. Pour la fabrication du jus, une cinquantaine d'employés se relayaient du 25 octobre au 10 janvier environ. Ainsi, la Râperie pouvait employer au total 88 employés durant les campagnes de betteraves.
Après 80 ans de bons et loyaux services, la Râperie fut condamnée par la société BEGHIN qui décida de supprimer l'activité à Saint-Blimont, ne laissant subsister qu'un simple dépôt de betteraves jusqu'en 1967. La fabrication du jus a donc cessé en 1951, et les bâtiments ont été démolis dès la fin de la même année. Peu de temps après, en 1970, ce fut au tour de la Râperie de Lanchères de fermer puis la Sucrerie de Beauchamps en 1999.
LES JOURNALIERS
Un journalier est un travailleur qui ne possède ni matériel, ni terres à exploiter et qui loue sa force de travail à la journée à un maître de domaine ou d'exploitation (propriétaires ou cultivateurs). Comme nous allons le voir, il n'est pas uniquement spécialisé dans l'agriculture et peut travailler auprès des artisans, on l'appelle alors le manouvrier.
Au début de ce XIXe siècle, nous retrouvons environs 115 manouvriers à Saint-Blimont, soit un nombre important qui correspond peut-être en grande partie à une main d'œuvre travaillant pour les tisserands, à une époque où l'activité textile est encore importante. Nous trouvons aussi 36 servantes de ferme, terme employé pour les femmes "journalières" : « c’est sur celle-ci que retombait le travail le plus ingrat : travaux des champs, la « buge » ou lessive avec souvent le rinçage dans l’eau glacée en hiver, la participation à la traite, l’alimentation des porcs... » ; 10 domestiques employés bien souvent au service des familles de propriétaires, 5 garçons meunier ou encore 2 valets de charrue. Le terme de « Journalier » n'est pas utilisé durant cette période.
Au recensement de 1836, il y a 80 manouvriers dans le village ; cette baisse peut correspondre à l'essoufflement de l'activité textile. Par contre, nous comptons cette fois 12 journaliers et 19 domestiques.
En 1851, on ne trouve plus que 14 manouvriers contre 17 journaliers, 16 domestiques et 14 servantes de ferme.
Ces métiers ont un nombre assez faible au recensement de 1872 avec 7 manouvriers, 6 journaliers et 1 servante de ferme mais nous trouvons encore 15 domestiques.
Enfin en 1881, il y a encore 27 domestiques ou servantes de ferme, 16 journaliers et 1 valet de charrue dans le village. Le terme de « Manouvrier » commence à être remplacé par celui d' « Ouvrier » avec le développement des premiers ateliers de serrureries ; on compte 9 ouvriers.
LES ARTISANS
Tout au long du siècle, nous comptabilisons à peu près le même nombre d'artisans actifs dans le village, c'est à dire une cinquantaine.
Métiers | 1800 | 1836 | 1851 | 1872 | 1881 | Description |
Tailleurs d'habits | 9 | 7 | 4 | 1 | 2 | Le tailleur conçoit et fabrique les vêtements. |
Cordonniers | 7 | 12 | 10 | 5 | 3 | Le cordonnier conçoit, fabrique et répare les chaussures |
Couvreurs | 6 | 9 | 4 | 7 | 7 | Le couvreur monte et répare les toits de chaume, de tuiles ou d'ardoises |
Charpentiers | 5 | 8 | 15 | 11 | 9 | Le charpentier monte les charpente d'un bâtiment |
Tonneliers | 5 | 1 | 1 | 1 | 1 | Le tonnelier fabrique les tonneaux |
Maçons | 3 | 15 | 11 | 13 | 13 | Le maçon construit des bâtiments en torchis ou en briques |
Tourneurs sur bois | 1 | 3 | 2 | 2 | 1 | Le tourneur fabrique des pièces en bois principalement pour le mobilier |
Charrons | 1 | 2 | 2 | 2 | 3 | Fabricant de chars, charrettes, tombereaux, brouettes et autres moyens de transport. |
Menuisiers | 1 | 1 | 1 | 3 | 2 | Le menuisier travaille le bois pour l'ameublement ou la construction |
Briquetiers | 1 | 2 | 3 | 3 | 6 | Le briquetier fabrique les briques à partir d'argile |
Bourreliers | 3 | 1 | 1 | 1 | Le bourrelier travaille le cuir pour fabriquer des articles souvent liés aux chevaux | |
Maréchal-ferrant | 2 | 2 | 3 | Le maréchal travaille le métal pour principalement ferrer les pieds des chevaux | ||
Chaufourniers | 2 | 3 | 3 | Le chaufournier prépare la chaux à l'aide d'un four | ||
Peintre | 3 | 1 | 1 | Artisan du bâtiment qui peint les mûrs des maisons | ||
Cordiers | 3 | 1 | Le cordier fabrique les cordes à partir de fils tortillés ensemble | |||
Fabricant d'huile | 1 | Artisan qui fabrique de l'huile à base de végétaux ou animaux | ||||
Raccommodeur de jattes | 1 | Il répare les récipients et poteries. | ||||
Horloger | 1 | L'horloger conçoit, fabrique et répare les horloges | ||||
Bûcheron | 1 | Artisan qui abat les arbres |
LES COMMERÇANTS
Une petite part de la population travaillait dans le commerce et la vente de produits, principalement dans le domaine de l'alimentation.
Métiers | 1800 | 1836 | 1851 | 1872 | 1881 | Description |
Marchands / Commerçant | 5 | 7 | 4 | 1 | Commerçant grossiste qui vend un type de produit spécifique | |
Charcutiers / Bouchers | 2 | 5 | 4 | 2 | 1 | Commerçant qui prépare et vend de la viande de porc ou de bœuf |
Débitants / Cafetiers | 1 | 6 | 2 | 6 | Commerçant pouvant vendre de l'alcool dans un lieu spécifique (le café) | |
Boulangers | 3 | 1 | 3 | Commerçant qui prépare et vend du pain | ||
Chiffonier | 1 | Commerçant qui récolte du vieux linge pour la revente | ||||
Débitant de tabac | 1 | Commerçant ayant une licence pour vendre du tabac | ||||
Epicier | 1 | Commerçant grossiste qui vend des aliments | ||||
Coquetier | 1 | Commerçant qui vend des œufs, du beurre ou du lait | ||||
Marchand de chaussures | 1 | Commerçant qui vend des chaussures (qu'il ne fabrique pas) | ||||
Volailler | 1 | Commerçant qui vend des volailles pour l'élevage |
LES AUTRES MÉTIERS
Nous retrouvons quelques métiers ne pouvant pas être classés dans les catégories précédentes, plutôt liés aux services :
- Les instituteurs
- Les prêtres
- Les bonnes de curé
- Les gardes-champêtre
- Les cantonniers
- Les arpenteurs
- Les gardes-bois
- Les médecins ou officiers de santé
- Les sage-femmes
- Les concierges
- Les voituriers ou chauffeurs
- Les taupiers (chasseurs de taupes et nuisibles)
Comparaison des chiffres
Pour conclure cette étude sur l'évolution économique de Saint-Blimont durant le XIXe siècle, voici une comparaison des chiffres de chaque recensement, représentant les différentes catégories de la population active du village.





SOURCES
L'Invasion en Picardie - Arrondissement de Péronne, (1873) de Gustave RAMON
Histoire de Saint-Blimont et des villages alentour, (2001) de Rémi DIMPRE (édition La Vague verte)
Saint-Blimont, l'activité économique au XXe siècle, (2002) de La Saint-Blimontoise
Ouvert Fermé, (2015) de Jean-Mary THOMAS.