L'église de Saint-Blimont et sa Tour de guet
Depuis plusieurs années, notre section Recherche du Patrimoine historique, propose chaque Samedi de Juillet et Août à 11h et lors des Journées du Patrimoine, une visite de l'église de notre village et de sa Tour, agrémentée d'histoires et anecdotes afin de faire découvrir un patrimoine local et un panorama exceptionnel. Voici un petit résumé de l'histoire et de l'évolution de cet édifice qui a traversé les siècles.
Unification de la Tour de guet et de l'église
La Tour de ST BLIMONT, qui est en même temps le clocher de l'église, constitue un monument important de la zone côtière de la Baie de Somme. On l'aperçoit d'assez loin dans la plaine du VIMEU.
Ceux qui connaissent l'Angleterre ne peuvent qu'être frappés, quant à ses caractéristiques architecturales, de la similitude que ce monument présente avec les églises du KENT ou de l'EAST-SUSSEX. Hasard, ou influence d'évènements guerriers anciens ... ?
Il est en tout cas permis de penser que, vers les XIVe ou XVe siècles, se trouvait à cet endroit, près d'une petite chapelle en pierres blanches, un beffroi de briques et de pierres d'où l'on pouvait surveiller les alentours. Pendant des siècles cette tour fut constamment habitée par des gardiens qui, de là-haut scrutaient l'horizon, les yeux vers les points stratégiques d'où pouvait venir le danger, sonnant l'alarme et appelant à la défense contre les ennemis s'avançant soit par mer soit par terre. Les vestiges d'une "Salle des gardes" dotée d'une cheminée, renforcent cette hypothèse. Cependant, l'absence d'archives ne nous permet pas de donner une période précise de sa construction et de son activité.
En tout cas, vers 1680, la Tour ( devenue inutile suite à l'éloignement des frontières et des dangers d'invasion ) et l'église ancienne (devenue trop petite à cause de l'évolution démographique du village ), ont été réunies en un seul bâtiment, lequel fut agrandi plusieurs fois.
De cette église ancienne, il nous est parvenu aujourd'hui les poutres en bois scupltées et les anciens fonds baptismaux datant du XVIe siècle.
En 1748, le beffroi ( charpente pour les cloches ) fut renforcé afin de supporter une troisième cloche et c'est le 5 Juin 1752 qu'elles furent toutes les trois baptisées :
En 1789, l'église de l'abbaye de Saint-Valery ( où reposaient depuis le 3 Janvier 652 les reliques de saint Blimond ), fut vendue comme bien national et toutes les châsses furent enlevées et mises en dépôt dans l'église de Saint-Martin de Saint-Valery. En 1791, la Municipalité et tous les citoyens de la paroisse de Saint-Blimont demandèrent, aux Administrateurs du Directoire du département de la Somme, la permission de prendre les châsses de saint Blimond. La permission fut accordée et le 21 Juin 1791, les reliques furent solennellement amenées dans la paroisse. L'église Saint-Martin de Saint-Valery-sur-Somme ne conserva que le menton du saint. (Extrait du livre Histoire de Saint-Blimont et des villages alentour, de Rémi DIMPRE).
Pour plus de détails, vous pouvez lire notre article sur : Blimond et les origines du village
Aspect définitif et Restauration
C'est en 1840, grâce aux largesses de Mme Marie-Louise-Agnès, dernière marquise de Saint-Blimond, que l'ensemble de l'édifice reçut son aspect extérieur quasi-définitif, avec les briques et les croix blanches en pierre de Pont-Remy.
Le bas-côté Sud, dédiée à saint Blimond fut rajoutée, la nef centrale a été portée à une hauteur de 15 mètres et a été éclaircie par les 10 archivoltes au dessus des bas-côtés (Photo ci-contre). Cette nef centrale a donc 30 mètres de long, 12m50 de large et comporte 12 piliers (ce nombre rappelant les apôtres de Jésus-Christ).
Le gros-oeuvre de l'église était donc terminé en 1841 et le 23 mai, elle recevait sa consécration par Mgr MIELLAND.
Les cloches actuelles ont été baptisées en 1875 :
- Elphège-Cécile (995 Kg)
- Louis-Léontine (660 Kg)
- Eugénie-Isabelle (460 Kg)
Une horloge et ses 3 cadrans furent ensuite installés en 1878 dans l'ancienne Salle des gardes et font battre depuis le cœur de notre village.
En 1890, la Municipalité de Saint-Blimont, constatant que la Tour était dans un état de dégradation importante et présentait du danger, sollicita le concours d'un architecte pour restaurer l'édifice.
Ce fut Monsieur RATIER, architecte à Abbeville qui dressa le 6 janvier 1891 des plans et un devis pour les travaux envisagés.
Le conseil municipal donna son accord le 23 juin 1892 et demanda même quelques mois plus tard, sans succès, le classement de la Tour. Il fallut attendre 1897 pour que les travaux commencent, mais en fait ils ont été réalisés en 1899, du fait des difficultés financières à mettre en place le projet (les devis augmentant régulièrement et la commune assez pauvre devant emprunter) et du fait de la lourdeur de l'administration qui tarda à débloquer ses maigres subventions (arrêté préfectoral du 27 août 1898).
Les travaux furent principalement menés par l'entreprise DÉMAREST, d'Escarbotin. Une plaque apposée à l'intérieur de la Tour le rappelle.
Depuis, l'édifice a connu quelques changements mineurs ( désaffection du cimetière en 1920, restauration de la toiture, remplacement du coq, ... ). Mais jusqu'en 1996, les Saint-Blimontois ont tous en mémoire, les récits plus ou moins mystérieux, dans lesquels on leur parlait d'une crypte sous l'église, où devaient se trouver des princesses.
D'ailleurs, une croix de bois, toute noire, en marquait l'entrée. Et puis, quelques-uns l'avaient visitée, au début des années 50, à la faveur d'un éboulement. Certains prétendaient qu'il y avait même des bijoux. Bref, le mystère restait entier... (Photo ci-contre)
Et voilà que le 11 avril 1996, à l'occasion de travaux de réhabilitation du sous-bassement de l'église, le hasard a permis de découvrir à nouveau cette crypte qui était auparavant accessible à la famille des seigneurs de Saint-Blimond, pour y venir prier.
Deux sépultures s'y trouvent encore (alors qu'elle pouvait en contenir trois). Ce sont les sépultures des deux dernières princesses de la famille de Saint-Blimond. La marquise Louise-Agnès de Saint-Blimond, fille de Jacques-Louis de Saint-Blimond, dernière du nom, inhumée en 1852 et sa fille Louise-Amélie, princesse de Berghes, inhumée en 1875.
Cette alliance entre la famille de Saint-Blimond et la famille de Berghes s'était concrétisée par l'édification, en 1840, de l'aile gauche de l'église, appelée aile de Saint-Blimond. La famille de Berghes finança les travaux et, à ce titre, elle se fit construire une crypte en briques afin d'en faire sa sépulture.
C'est à cette époque que les sépultures de la famille de Juliac de Manelle (dont l'un des membres fut aide de camp de Napoléon 1er) furent regroupées à gauche de la crypte, avec accès uniquement par l'intérieur de l'église, une petite marche noire permettant de s'agenouiller pour prier. L'entrée de la crypte était donc exclusivement réservée à la famille de la princesse de Saint-Blimont de Berghes.
Elle a été probablement murée lors de la fin du déplacement du cimetière, autour de 1928 ou 1929.
A l'occasion de cette réouverture, de nombreux Aînés sont venus revoir cette crypte, raconter leurs souvenirs et ceux de leurs parents et grands-parents. Ces témoignages ont permis de reconstituer l'entrée, et c'est ainsi qu'il est maintenant possible de la visiter.
Sources
- Histoire de Saint-Blimont et des villages alentour, Rémi DIMPRE
- Guide de visite établi par l'Abbé LEROY ( prêtre de Saint-Blimont de 1962 à 1992 )
- Recherches de Francis DUPONT et de la section Recherche du Patrimoine historique
- Photos et gravures : collection de la Bibliothèque Municipale d'Abbeville